L'avis de Benshi
Les poésies de Jacques Prévert s'invitent depuis plusieurs années au cinéma. Elles influencent fortement le travail artistique de nombreux cinéastes, tels que l'illustre Jean-Pierre Jeunet et Romain Segaud. Ces deux réalisateurs ont choisi de lier la poésie et la délicatesse de leur univers, pour rendre hommage à une œuvre culte de ce grand poète français, Chanson des escargots qui vont à l'enterrement.
Cette poésie pleine de fraîcheur et de mélancolie, nous est récitée par des créatures toutes aussi insolites que charmantes et filmées grâce à la technique du stop-motion (c'est-à-dire image par image). Inspirées de l'œuvre du sculpteur Jephan de Villiers, ces vingtaines de petites bêtes ont été entièrement fabriquées à partir de matériaux naturels, tels que le bois, les écorces, les plumes ou bien encore le feuillage. Des éléments bruts qui font écho à toute la dimension symbolique du poème. Et pour donner vie à ces bestioles sympathiques, le duo de réalisateurs a choisi des voix qui nous sont familières : Jean-Paul Rouve, Audrey Tautou, Yolande Moreau, Mathieu Kassovitz, Clovis Cornillac ainsi qu'une dizaine d'autres grands noms du cinéma français. Ces petits êtres difficilement identifiables ravivent nos souvenirs d'enfance et notre faculté à fabriquer, grâce à la richesse de la nature, des formes à la fois drôles et étonnantes. Les jeunes spectateurs seront captivés par ces incroyables assemblages et pourront même tenter de les reproduire à la fin du visionnage...
Pendant près de trois minutes, ces étranges conteurs déclament un hymne à la vie, à la nature ainsi qu'à la mort. Car derrière toute la singularité esthétique de ce court métrage, se dissimule un texte d'une grande beauté. Il raconte l'histoire de deux escargots attristés par la mort d'une feuille, mais qui décident soudainement d'écouter le soleil et de faire de cet événement, un moment de joie et de partage. En d'autres termes, Deux escargots s'en vont est tout simplement un appel à la vie et à l'espoir. C'est une manière de se rappeler, pour les petits comme pour les grands, que derrière le plus sombre malheur se cache un éclat de lumière et de réconfort, comme le révèle cette dernière phrase prononcée par Jean-Pierre Marielle : « Mais là-haut dans le ciel, la lune veille sur eux ».
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