L'avis de Benshi
Moins une peste qu'une petite fille débrouillarde et au caractère bien trempé, Kié est surtout une enfant qui doit assumer des responsabilités trop grandes pour elle et son jeune âge. En partant du point de vue de ce personnage, le film propose une plongée au cœur du quotidien d'une famille japonaise et de ses déboires, tout en faisant usage d'un humour franchement burlesque et complètement loufoque. Bien qu'il joue sa partition sur le ton de la farce, il n'en néglige pas pour autant l'aspect psychologique et distille dans l'enchaînement des gags un fond de gravité. En effet, le récit se construit sur une succession de sketches liés entre eux par une intrigue principale (le possible retour de la mère), laissant ainsi les enjeux dramatiques en arrière-plan pour ne les faire ressortir qu'à quelques instants rares et chargés en émotions. On peut également noter la finesse avec laquelle est traitée la psychologie des personnages : ici, il n'y a pas de gentil et de méchant, chacun évolue et change tout au long du film.
Kié la petite peste est le troisième long métrage de son réalisateur, Isao Takahata, cinéaste renommé qui se fit connaître en France avec le succès de son film Le tombeau des lucioles. Il constitue donc une des premières pierres de sa filmographie et pose les bases de ses thèmes de prédilection. Parmi eux : le motif de la vie familiale et communautaire (que l'on retrouvera notamment dans Mes voisins les Yamada), ainsi que l'importance des sentiments humains et des petites choses du quotidien. Takahata témoigne aussi de beaucoup d'amour pour ses personnages, auxquels il apporte un soin tout particulier. Ce film a également la particularité de s'inscrire en marge des productions à la mode de l'époque (le film sort en 1981 au Japon) qui étaient davantage portées sur le sport et les vaisseaux spatiaux. Avec Kié, Takahata fait le pari d'un cinéma d'animation à taille humaine, avec un vrai souci d'authenticité et de réalisme des sentiments.
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