L'avis de Benshi
Kwadratura Kola, « la quadrature du cercle ». Derrière ces mots compliqués, il y a un sens (« construire un carré de même surface qu'un cercle ») mais surtout il y a une belle histoire. Carré court tout le temps jusqu'à ce qu'il soit interrompu par une rencontre fugace. Et la scène se répète : en descendant les escaliers, en faisant son jogging dans le parc, dans le métro, au travail… Dans un monde en perpétuel mouvement, où rien ne s'arrête jamais et où pourtant tout semble figé, ce moment interpelle, interroge, fixe notre regard. Dans l'embrouillamini du quotidien, c'est une ode aux occasions manquées et un appel à prendre le temps. Et quand prend-on enfin le temps ? Peut-être quand on est avec les autres ? Quand un regard neuf perturbe notre réalité ?
Visuellement, c'est une plongée dans un tableau cubiste de Fernand Léger, Pablo Picasso ou Paul Klee. Rapide, chaotique, colorée, l'image est à la fois variée et répétitive. Le film crée par les formes car le monde est, comme lui, fait de formes et de couleurs. Elles offrent un infini de possibles à mesure qu'elles se transforment et nous entraînent dans le mouvement. Le rythme est comme un fil continu qui jamais ne se brise. Poétique, la métamorphose du carré en homme se fait en toute logique. Onirique, la danse géométrique hypnotise le spectateur grâce à son mouvement et à la musique électronique enrichie de sons de ville et de nature. Fiction et réalité se mêlent. Le voyage du quotidien commence.
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