Avec Le Mulot Menteur, la réalisatrice hongroise Andrea Kiss signe son huitième court métrage. Adapté d’un conte hongrois d’Ervin Lazar, ce film aux dialogues affutés et aux images enchanteresses nous invite à suivre un petit mulot dans ses aventures nocturnes. Celles-ci commencent dans une taverne où sont réunis les animaux de la forêt. Accoudé au comptoir, le mulot conte ses aventures. Yeux écarquillés, mâchoires décrochées, tous l’écoutent captivés. Sauf un : le renard, au fond du bar, n’est pas crédule. Mais l’histoire nous apprend ensuite qu’à renard incrédule, le mulot peut faire croire… À cet endroit se noue tout l’intérêt de ce court métrage qui pose un regard tendre sur nos talents d’affabulation. Un mensonge est un mensonge, bien sûr. Mais un mensonge peut être aussi une bonne histoire, un tremplin pour braver ses peurs, un moindre mal ou la simple expression d’un esprit trop imaginatif ! Grâce à ses mensonges, le mulot parvient à aider un loup et un bélier à se sortir de l’embarras et malgré ces mêmes mensonges, Monsieur Mulot trouve en Madame Mulot une oreille habituée à ses balivernes, mais un cœur toujours battant.
Conte philosophique et merveilleux, Le Mulot Menteur nous rappelle que les mensonges d’un petit mulot profitent finalement à ceux qui veulent bien les entendre. Ils amènent les personnages à outrepasser les obstacles qu’ils rencontrent. In fine, une histoire est une histoire. Et une bonne histoire ne peut que comporter quelques mensonges. Aussi gros soient-ils !
L’alliance de papier découpé et de l’aquarelle apporte un caractère brut et poétique au film. Envolée de pissenlits dans le ciel noir, reflets des arbres nus sur l’eau de la rivière, feuillages d’un vert tendre sous la lumière de la lune, la déambulation du mulot au cœur de la forêt dans la nuit offre quelques tableaux sublimes. Sous la main d’Andrea Kiss, la forêt du mulot est enchantée.