Présenté comme un monstre par la voix off dans la courte introduction du film, le Crabe Phare semble pourtant très sympathique lorsqu'il apparaît à l'écran. Tandis que le reste de son corps est immergé, le phare qui trône sur son dos a pour but d'attirer les bateaux. La créature s'empresse alors de les entraîner dans le fond pour les ajouter à sa précieuse collection sous-marine. Loin d'être un monstre sanguinaire, le Crabe Phare est une métaphore de la puissance de la nature qu'il faut tout autant protéger que craindre, puisqu'il est garant d'un équilibre.
Visuellement, le film joue sur l'opposition entre la nature paisible et les dangers du tourisme de masse, sur l'invisible et le visible. Pour ce faire, l'écran est divisé en deux pour nous donner à voir en même temps la partie immergée (le crabe et sa collection de bateaux) et celle émergée (les constructions humaines sur son dos). Le monstre présenté au début devient alors la victime, un temps silencieuse, de la bêtise humaine. Les deux mondes s'opposent esthétiquement et graphiquement : celui à la surface est représenté avec des formes simples et cubiques, tandis que le monde sous-marin est réaliste. Le film aborde la thématique de l'écologie avec beaucoup d'humour et pousse le spectateur à s'interroger : qui est ici le vrai monstre ? La conclusion du film rappelle également que la nature est plus forte que tout, et que l'homme ne sortira pas gagnant.
L'animation 3D est une vraie réussite, insufflant une dimension poétique au monde sous-marin. La musique très expressive, un brin burlesque par moments, accompagne parfaitement les images pour un résultat aussi drôle qu'efficace. Un court métrage idéal pour s'émerveiller et ouvrir au débat.