C'est avec habileté et sensibilité que Dyana Gaye nous livre Deweneti, un film sur un gamin des rues de Dakar. Ousmane est un enfant orphelin qui doit mendier pour survivre. Ainsi, il parcourt Dakar à la rencontre de différents habitants pour quémander quelques pièces. Mais son intelligence et sa débrouillardise vont lui permettre de vivre, malgré sa grande précarité...
Deweneti n'est pas seulement un film sur l'enfance. La réalisatrice dresse également un portrait juste et sensible de Dakar. En effet, le protagoniste s'inscrit dans la géographie de la ville, à travers des plans larges qui permettent au spectateur d'observer la vie citadine de la capitale sénégalaise : le trafic, les commerces et ses habitants. Ainsi, la dimension documentaire est omniprésente dans ce film poétique. Il offre une véritable sociologie des habitants au gré des rencontres que va faire Ousmane : un agent de police, une cuisinière, un marabout ou encore un écrivain public… Le jeune protagoniste a bien compris comment fonctionnent les relations humaines et Dyana Gaye le met en scène avec humour, par exemple lorsqu'il flatte l'agent de police en l'appelant « commissaire » et qu'il lui jure de prier pour qu'il devienne préfet.
Bien qu'il soit obligé de mendier pour vivre, Ousmane n'a pas perdu son âme d'enfant. On le découvre à travers une séquence magnifique, comme une pause dans son quotidien, quand il se dirige au rayon des jouets dans un magasin pour observer une boule à neige ; moment d'une grande poésie. Après cette séquence, le court métrage se transforme en véritable fable. L'orphelin dévoile toute sa générosité lorsqu'il rédige chez l'écrivain public une lettre au Père Noël, où il couche sur papier une liste de présents pour chacune des personnes qui l'ont aidé. On quitte alors Ousmane pour retrouver un plan plus large de Dakar, où il se met à neiger. Par sa volonté, son rêve se réalise… Un petit bijou à découvrir absolument !