Et si l’on pouvait manger des tableaux ? Croquer dans un Picasso ou dans un Monet, ça nous ferait quoi ? En partant de cette idée pour le moins originale, Dripped nous entraîne dans une ambiance de film noir : un protagoniste mystérieux et solitaire, une ville dont les couleurs et les lumières évoquent les tableaux de Hopper, une musique jazzy qui rythme le récit, des courses-poursuites avec la police… Un univers très référencé donc, qui se teinte également de fantastique : car Jack, tel un superhéros, est doté d’étranges pouvoirs… Et pour lui, la peinture n’est pas seulement une passion, c’est une quête obsessionnelle et même un moyen de vivre !
Le réalisateur Léo Verrier fait preuve d’une grande inventivité visuelle, tirant pleinement parti du lien évident entre cinéma d’animation et peinture. Tout en conservant son propre style graphique, il se laisse traverser par différents courants artistiques qu’il réinterprète à sa manière, et on s’amuse de reconnaître certaines toiles de grands maîtres au fil du film. Inspiré de bout en bout par les Beaux-Arts, Dripped est un hommage affiché à Jackson Pollock, le titre faisant référence à la technique du « dripping » emblématique de ce peintre abstrait ayant marqué la peinture moderne. Au-delà de la fantaisie de cette histoire rocambolesque, le film nous invite finalement à revisiter l’histoire de l’art et de la création, le tout de manière ludique et avec humour !
Dans ce film sans dialogues, la dimension musicale est particulièrement soignée : la partition de Pablo Pico est riche de nuances et est pour beaucoup dans le charme de Dripped. Au-delà de ponctuer l’histoire avec finesse, elle semble faire danser les images et exploser les couleurs. Réjouissant !