Les jeunes spectateurs pourront appréhender Inukshuk comme un simple récit linéaire, intriguant et poétique, avec quelques pointes burlesques : deux personnages s'amusent sur la banquise qui fond sous le soleil brûlant, et le passage d'une baleine va achever de les faire disparaître dans l'océan. Cependant, le récit de Camillelvis Théry pourra aussi être compris par les plus grands comme une illustration du réchauffement climatique. Il interroge également sur la place de l'Homme et de l'animal, avec une rondeur graphique faisant aisément penser au cycle de la vie. Pour créer ses personnages, ainsi que l'orientation graphique du film, le réalisateur dit s'être inspiré de croquis d'anciennes statuettes en os ou en ivoire et de la culture inuit. Un « inukshuk » est un empilement de pierres, construit notamment par le peuple inuit dans les régions arctiques d'Amérique du Nord. Il s'agit également d'un terme inuktitut (la langue parlée des Inuits) signifiant « ce qui a la capacité d'agir comme un être humain » ou encore « celui qui ressemble à un homme ». Le réalisateur semble ainsi prendre cette signification au pied de la lettre et joue avec les formes, s'amusant à transformer ses personnages, comme le grand et rond soleil modifie celle de la glace.
Les dessins ont tous été réalisés à la plume sur papier d'anime (un papier avec un léger grammage permettant de voir en transparence), avec de l'encre. Puis de la peinture bleue (pour la baleine et l'eau) a été directement appliquée sur la pellicule. Un travail titanesque qui n'a pas arrêté ce réalisateur perfectionniste.
Un court métrage à contempler pour sa beauté autant que pour son propos !