Ce film, vu à travers le monde dans de nombreux festivals, n'a pas voyagé sans raison. Et la première est visuelle. Le graphisme du court métrage est d'une délicatesse rare. Le fond est une feuille de papier teintée d'aquarelle parfois bleutée, parfois orangée, selon le moment de la journée (même si le temps semble avoir finalement bien peu d'importance). Les lignes qui dessinent le moine, le poisson, le bassin et le monastère sont très simples, ce qui crée une ambiance très épurée, et indéniablement belle. On retrouve bien là - et avec plaisir ! - la finesse de l'univers graphique du réalisateur de La Tortue rouge.
Le gag répétitif du moine qui cherche à attraper le poisson est un dispositif simple qui fonctionne très bien, et la musique y est pour beaucoup. Nous prenons plaisir à voir ce petit moine qui sautille dans sa cour, avec ce poisson qui lui joue des tours à disparaitre sous l'eau puis réapparaître un peu plus loin. La musique souligne avec humour chacun de leurs gestes. Une flûte commence par introduire avec douceur le calme du monastère. Ensuite, à mesure que l'action avance, les instruments deviennent plus nombreux, à vent puis à cordes, et accélèrent le rythme. Car oui, tout ici est question de tempo. Le moine circule comme s'il dansait avec la musique. Ce film peut, de ce fait, être une très jolie initiation au rythme, tant visuel que musical.
Benshi vous encourage vivement à vous laisser porter par cette jolie balade. Un pur moment de beauté.