La réalisatrice allemande Susann Hoffmann met en scène dans ce très court métrage dédié aux plus jeunes spectateurs un petit lynx esseulé au sein d’une cour de récréation. Avec des idées simples et efficaces, Susann Hoffmann raconte comment ce dernier est rejeté par un groupe de camarades sous prétexte qu’il n’est pas, comme eux, coloré.
Dessinées au trait, les petites créatures qui peuplent la cour de récréation arborent toutes en leur centre une jolie couleur chatoyante. Réalisées à l’aquarelle, allant du jaune, à l’orange, au rose, en passant par le rouge et le fuchsia, ces couleurs chaudes peuvent s’échapper un instant de la bouche des animaux pour former dans l’air des dessins. C’est ainsi, semble-t-il, que les personnages communiquent. Quand petit lynx tente de se joindre au groupe en formant à son tour un dessin dans l’air, c’est un nuage gris aux contours indistincts qui exhale de sa bouche. Les membres du groupe le méprisent et l’ignorent, mais le lynx n’est pas d’humeur à se laisser faire, il s’empare alors de la couleur d’un autre.
Le thème de l’exclusion à l’école, du fait de la différence des uns ou des autres, est crucial dans la trajectoire de n’importe quel enfant. D’une manière ou d’une autre, avec différents degrés de gravité, nous traversons toutes et tous des moments d’exclusion. Ainsi, un jeune spectateur ne pourra que comprendre ce qui arrive à ce jeune lynx et entrer en empathie avec lui.
Le support papier qui accueille les dessins reprend la trame épaisse du papier Canson offrant un charme au film. Les dessins au trait expriment avec finesse les émotions des personnages. Sans dialogues, ce film laisse passer les émotions à travers les expressions des visages, les attitudes des corps et la symbolique des couleurs. On ne peut que se prendre d’affection pour ce petit lynx et se réjouir de le voir sourire.