Il aura fallu sept ans au cinéaste Hiroyuki Okiura, pour terminer Lettre à Momo, son second long métrage, un film d'animation, presque entièrement réalisé à la main. Il s'était fait connaître en 1999 avec Jin Roh, la brigade des loups, un film dur et politique, magnifique mais très clairement déconseillé aux jeunes enfants. Avec Lettre à Momo, Hiroyuki Okiura a écrit son premier scénario, une histoire très personnelle sur la famille, et quant à elle parfaitement adaptée à un jeune public. Ce film, avec beaucoup de finesse et de pudeur, parle de la perte d'un être cher et de la manière dont chacun gère ses émotions face à cette perte.
C'est aussi et avant tout le parcours initiatique d'une fillette de onze ans qui va apprendre à communiquer ses sentiments tout en étant sensible à ceux des autres. Le quotidien des habitants de l'île et les relations entre Momo et les membres de sa famille sont très réalistes. Mais cela n'empêche pas le fantastique de s'immiscer dès le début du film et de s'épanouir pleinement au cours du récit. Les trois « yokaï », des clowns malgré eux par leur comportement puéril et dangereux, ne vont pas laisser à Momo un seul moment de répit. C'est donc également l'histoire d'une petite fille qui grandit d'un coup à cause des événements auxquels elle est confrontée. Vous ne rirez pas souvent à gorge déployée, mais certaines scènes sont vraiment amusantes. Malgré le sujet délicat abordé par le film, Lettre à Momo ne cherche pas à faire pleurer le spectateur à tout prix. Il ne s'agit pas d'un mélodrame facile et complaisant, mais d'un film d'une profondeur incroyable, avec des personnages complexes, qui ne sont ni mauvais, ni bienveillants. Au bout de cette aventure, c'est tout de même l'amitié et l'abnégation qui l'emporteront sur l'égoïsme et le repli sur soi, pour notre plus grand plaisir.