Mélodies des bois nous plonge dans un conte médiéval inventif qui nous en apprend beaucoup sur la solidarité et la différence. Sous des abords classiques - la princesse rêve du grand amour et le musicien est traité tel Quasimodo, comme une bête curieuse -, le court métrage du réalisateur tchèque Filip Diviak interroge le monde qu’il dépeint et entame sa déconstruction. Allant de ville en ville pour partager son art, le troubadour subit les préjugés du fait de sa différence. Face à la superficialité et au décalage de classe, le troubadour est contraint de fuir la ville pour trouver refuge dans la forêt, comme tant d’autres avant lui (La Belle au bois dormant, Blanche-Neige, Le Peuple loup, Brendan et le secret de Kells). Les habitants de la forêt sont ici des alliés et les clins d'œil à d’autres œuvres sont nombreux. Bientôt, le héros et la forêt entrent en communion, arbres, plantes et animaux dansant au son de la musique du troubadour. Mélodies des bois questionne ainsi la manière de trouver sa place, en tissant une véritable ode à la nature, lieu de partage et de cohésion.
Tout comme dans Le Gnome et le nuage, deuxième film du réalisateur, l’humour se situe dans les détails : du valet conduisant un carrosse sur lequel est perchée une tour, à la tasse « meilleur sans-abri », en passant par un curieux volatile produisant des sonorités étonnantes. Filip Diviak trouve toujours une manière imagée de faire comprendre les émotions profondes, à l’image du cœur de la princesse se dégonflant à la découverte du visage du musicien. Avec son trait fin et doux, l’animation fait corps avec la musique, inventive et expressive. Et même si les paroles sont absentes, les sonorités celtiques se font le relai de la narration. Mandoline, bodhran et tin whistle créent du lien : la musique, jouée avec le cœur, est cathartique et magique. Grâce à elle, le musicien n’est pas le seul à faire du chemin et la princesse apprend bien vite le consentement, le respect et la rédemption. Dans ce conte poétique, la morale est simple : il ne faut pas se fier aux apparences et surmonter ses préjugés.