• Courts métrages

Un Transport en commun

Âge :

Synopsis

À la gare routière de Dakar, un taxi s'apprête à partir pour Saint-Louis. À bord, Souki, Malick, Madame Barry, Joséphine et Binette. Il manque un passager, Antoine, un français étudiant la musicologie qui les a ratés de peu. Parti à leur poursuite, ce dernier rencontre la nièce de Madame Barry, Dorine, jeune apprentie coiffeuse en quête de liberté qui, elle aussi, part pour Saint-Louis. La route est longue, la chaleur intense et les routes surchargées. Le français se mêle délicieusement au wolof, les chansons aux dialogues. Le temps du voyage va permettre à ces personnages, que rien ne lie a priori, d'unir leur destin.

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L'avis de Benshi

Moyen métrage de 48 minutes et comédie musicale qui se frotte à la réalité de la société sénégalaise, Un Transport en commun est un film atypique, petit ovni du cinéma français, dans lequel la réalisatrice Dyana Gaye explore sa double appartenance culturelle (franco-sénégalaise) de manière fine et singulière, à la recherche des fragilités qui font le sel de la vie plutôt que de la perfection du grand cinéma de genre.

L’histoire commence dans le brouhaha de la gare routière de Dakar, au cœur de la société sénégalaise bouillonnante. Médoune Sall, le vieux chauffeur de taxi cherche à remplir sa voiture pour faire le trajet vers Saint-Louis. Quand tout à coup les passagers s’insurgent « Mais où est passé le septième passager ? » qui les retarde tous. Les comédiens se mettent à chanter et danser, et le spectateur en reste bouche bée. Passant d’un registre quasi documentaire à celui de la pure comédie musicale à la Jacques Demy, le pacte cinématographique est scellé et le spectateur n’a plus qu’à se laisser porter par la fantaisie.

Le projet de Dyana Gaye était avant tout de réaliser un film choral. Un film où de multiples personnages se croisent, se rencontrent sans que l’un prenne le pas sur l’autre. Des personnages qui n’ont rien à voir les uns avec les autres et qui ne se connaissent pas se retrouvent enfermés dans un taxi le temps d’un trajet Dakar - Saint-Louis. Il y a les deux françaises en vacances « au pays », envoyées chez le grand-père à Saint-Louis après avoir trop fait la fête à Dakar : Binette et Joséphine ; la femme d’affaire tenue par les contradictions de la société sénégalaise et aux prises avec les distorsions entre sa vie personnelle et sa vie professionnelle faite d’ambition, de réussite et d’émancipation : Madame Barry ; le jeune homme qui désire voyager en Italie pour découvrir le monde (et non forcément émigrer comme l’est très souvent représentée la jeunesse africaine au cinéma) : Malick ; la jeune femme, Souki, qui se fait le devoir d’honorer la mémoire de son père avant de vivre sa vie à elle ; ou Dorine qui rêve d’amour romantique et d’émancipation ; le toubab français débarqué dans une réalité africaine dans laquelle il semble complètement décalé : Antoine. Enfin le vieux sage, l’ancien, l’homme d’expérience et porteur de mémoire dont peut-être une partie acquise par un bout de vie vécue en France, celui qui littéralement conduit la troupe : Médoune Sall, le chauffeur de taxi. Il est celui qui interpelle la jeune génération pour la mettre en garde contre l’aliénation culturelle et économique qu’elle subit et accepte trop facilement ; celui qui se révolte contre la fatalité et le néo-colonialisme ; celui qui réaffirme son appartenance face aux jeunes qui sont aimantés par l’occident. Médoune Sall répond directement au discours de Dakar du président Sarkozy : « j’ai mal d’entendre que la France est l’amie de l’Afrique » dans une chanson-tract imaginée par la réalisatrice comme un slam (Mbokk Mbakh - Compagnon de case).

Retrouvez L'avis de Benshi dans son intégralité sur la partie Guide de notre site Internet : https://guide.benshi.fr/films/un-transport-en-commun/599

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A partir de quel âge

L'enchantement de la comédie musicale ravira les jeunes spectateurs dès 7/8 ans. Il faudra néanmoins reparler avec eux du contexte sociétal et politique qui sous-tend le récit.

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Les bonnes raisons de voir le film :

  1. Un film original et atypique
  2. L'enchantement de la comédie musicale
  3. Un regard contemporain sur la société sénégalaise
  4. Découvrir une audacieuse héritière de Jacques Demy
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Informations complémentaires

Dyana Gaye est née à Paris en 1975. Elle étudie le cinéma à l'Université Paris 8 Saint-Denis où elle obtient en 1998 une Maîtrise d'études cinématographiques. Lauréate de la Bourse Louis Lumière – Villa Médicis Hors-les-murs - en 1999, elle réalise l'année suivante Une femme pour Souleymane qui sera distingué dans plusieurs festivals. En 2004, elle est finaliste du Programme Rolex de mentorat artistique et réalise J'ai deux amours pour la série Paris la métisse. En 2006, son film Deweneti connaîtra une très large diffusion nationale et internationale et fera partie des cinq films nominés aux César 2008 du meilleur court métrage. Un Transport en commun est présenté en 2009 au Festival de Films de Locarno en compétition « Cinéastes du présent », et sélectionné entre autres aux festivals de Sundance et de Toronto. Il fait partie des cinq films nommés aux César 2011 du meilleur court métrage. En 2013, elle réalise son premier long métrage, Des étoiles, tourné entre Dakar, Turin et New-York, qui sera présenté en première mondiale au Festival de Toronto dans la section Contemporary World Cinema. Le film reçoit le Grand prix du Jury et le prix du public au Festival Premiers Plans Angers 2014. En 2014, elle réalise Un conte de la goutte d'or, court métrage musical pour les Talents Adami Cannes.

La comédie musicale

« La comédie musicale, dans sa forme cinématographique, apparut aux Etats-Unis avec le parlant qui conditionnait évidemment son existence. Deux grandes tendances dominèrent le genre au cours des années 1930 : à la Warner, les ballets à grand spectacle chorégraphiés par Bugsy Berkeley, avec des bataillons de girls aimablement disposées dans d'immenses et chatoyants décors, sous le regard voltigeant de la caméra ; chez RKO, subtilement liés aux moments dialogués, les élégants pas de deux de Fred Astaire et de Ginger Rogers (la légéreté et la grâce) dans des décors luxueux et stylisés. Aux abords des années 1940, la MGM reprit la donne avec un producteur de grand talent, Arthur Freed. Ce dernier eut le mérite de réunir les meilleurs collaborateurs de la comédie musicale : paroliers, musiciens, danseurs, chanteurs, décorateurs, metteurs en scène… Il fit ainsi venir à Hollywood deux jeunes célébrités de Broadway : Gene Kelly et Stanley Donen, qui insufflèrent au genre une énergie nouvelle en plaçant la fiction dans le monde réel (les marins d'Un jour à New York - S.Donen et G.Kelly, 1949 - parcourent les vraies rues de N-Y), en brassant plus intimement les matériaux narratifs et musicaux (Chantons sous la pluie - S.Donen et G.Kelly, 1952 - est construit autour de souvenirs et de chansons de Freed). En 1940, il engagea Vincente Minelli. A la fantaisie exubérante des films du tandem Kelly-Donen, Minelli opposa un univers raffiné et nostalgique dans quelques chefs-d'œuvre, dont Tous en scène (1953). Cependant à la fin des années 1950, l'allégresse de ces heureux moments céda le pas au désenchantement. Le temps de la comédie musicale s'acheva avec celui des grands studios, tant les moyens matériels, financiers et humains nécessaires au genre étaient étroitement tributaires de ce mode de production. C'est un film aux moyens modestes, tourné en France en 1967 qui représenta peut-être la dernière vraie comédie musicale, au sens le plus pur du terme : Les Demoiselle de Rochefort de Jacques Demy…

La comédie musicale passa alors du divertissement onirique à des sujets dramatiques avec des films qui ne relèvent plus de la comédie, mais qui témoignent d'une évolution intéressante du genre : West Side Story (Robert Wise, 1961), variation autour de Roméo et Juliette dans les bas-fond de New-York ; Que le spectacle commence (Bob Fosse, 1979), réflexion à la Bergman sur la mort de l'artiste ; et Hair (Milos Forman, 1979) véritable film culte pour toute une génération.

Dans les années 1980, le genre se modernise avec les films doucereux joués par John Travolta : Grease (R.Kleiser, 1978), La Fièvre du samedi soir (J.Badham, 1978). Mais la comédie musicale « à l'ancienne » continue d'éveiller la nostalgie, comme en témoigne l'usage qu'en fait Woody Allen dans Tout le monde dit I love you (1996). » - In Genres et mouvements au cinéma Vincent Pinel, Ed° Larousse, 2006.

Retrouvez la suite de notre rubrique Informations complémentaires sur la partie Guide de notre site Internet : https://guide.benshi.fr/films/un-transport-en-commun/599

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  • Dyana Gaye