• Longs métrages

Wardi

Âge :

Synopsis

Nous sommes à Beyrouth au Liban. Wardi est une jeune palestinienne de onze ans qui vit avec toute sa famille dans le camp de réfugiés où elle est née. Sidi, son arrière-grand-père adoré, fut l’un des premiers à s’y installer après avoir été chassé de son village en 1948. Le jour où Sidi lui donne la clé de son ancienne maison en Galilée, Wardi craint qu'il ait perdu l’espoir d’y retourner un jour. Comment chaque membre de la famille peut-il aider, à sa façon, la petite fille à renouer avec son passé et l'espoir d'un retour au village ?

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L'avis de Benshi

Quelle belle ouverture avec ce ciel et ces oiseaux qui s'envolent dans l'horizon. C'est un regard ouvert sur le monde alors même que la caméra nous fait découvrir le quotidien d'un groupe d'écoliers. Ils sont, dès cette première scène, encadrés, comme enfermés dans une ville où se superposent et s'entassent les maisons, des habitats précaires, qui pourtant résistent encore....

Comment raconter la guerre, la mort, et surtout la perte d'un pays qui reste comme un horizon lointain mais si déchirant pour des générations ? Avec la jeune Wardi, nous sommes plongés au cœur du questionnement, comme de l'espérance. Il s'agit pour cette adorable gamine de ne jamais renoncer, même lorsque tout le monde autour d'elle semble fatigué ou désabusé. Vaillante, curieuse, elle sent bien que les livres et l'éducation sont bien plus importants que des gadgets tels les iPhone. Elle a à cœur d'apprendre et de comprendre ce monde dans lequel elle vit. Nous sommes dans une ville particulière, il s'agit un camp de réfugiés palestiniens qui, au fil des années, s'est transformé en ville. Une ville qui se déploie tel un labyrinthe, mais en hauteur : chaque nouvelle génération construit son étage (le titre original est The Tower, qui signifie "la tour" et désigne la maison familiale de Wardi). Ce sont des maisons faites de bric et de broc, parfois en ciment, souvent en tôles. Elles sont modestes mais pleines de vie, comme cette maman avec ses gamins un peu chamailleurs. Dans ce dédale, Wardi grimpe, saute, escalade. Agile parmi ces maisons suspendues au ciel, elle chemine dans ce labyrinthe architectural, comme dans les souvenirs de sa famille. Chaque maison renferme une espérance brisée, un renoncement, mais aussi une histoire extraordinaire dans laquelle nous sommes invités à plonger. Telles des portes mémorielles, nous parcourons des pans de l'histoire de l'exil des palestiniens qui, dès 1948, ont dû quitter leur terre pour trouver refuge au Liban, comme la famille de Wardi.

Le récit déroule le passé tel un album de famille. Nous découvrons d'ailleurs de vraies photos avec les visages de ces femmes et hommes, jeunes et adultes. Ils sont le réel des personnages animés, et l'animation donne vie et paroles à celles et ceux qui composent ce grand récit de l'exil palestinien. Le réel s'invite dans la fiction animée. Nous passons de l'animation aux photographies qui nous dévoilent toute une vie précieusement gardée. C'est dire combien la trace est ici vitale, elle permet de relier les générations, contre l'oubli et la disparition. C'est parce que le réalisateur Mats Grorud a lui-même vécu dans le camp de Bourj el-Barajneh, où il travaillait dans une école maternelle, qu'il a compris l'importance de mêler à l'animation, le réel des photographies comme des reportages télévisuels, afin de nous permettre de découvrir en profondeur l'Histoire. Non pas comme un livre du passé, mais comme un présent toujours là.

Et parmi eux, nous retrouvons l'autre héros du film, l'arrière-grand-père de Wardi, Sidi. Il est comme un guide, bien plus âgé et bienveillant, et sait que son heure va bientôt venir. La figure du grand-père est absolument bouleversante car elle est ce qui relie le présent au passé, mais aussi à l'avenir. Lui qui a connu la catastrophe sait combien l'avenir scolaire de sa petite-fille est la chose la plus importante. Lorsqu'il lui donne la clé de sa maison perdue en Palestine, ce n'est pas seulement le poids d'une histoire qu'il lui transmet, c'est aussi une trace, une racine, une clé qui permettra à Wardi d'ouvrir toutes les portes du monde. Le déracinement ne concerne pas seulement la perte d'une terre d'origine, c'est surtout celui de ne pas connaitre son histoire. Toutes les histoires, même celles qui sont douloureuses, doivent être racontées, car il s'agit de comprendre pour avancer. Toute nouvelle vie est porteuse d'espérance, même et surtout là où tout semble si dur, car la vie est plus forte que le malheur, la jeunesse est le présent et l'avenir de l'humanité. Lorsque les oiseaux emportent au ciel le grand-père apaisé, c'est aussi pour Wardi le moment d'avancer dans la vie, avec courage. Ce récit de toute beauté, ancrée dans un contexte précis, est universel par son message d’amour. L'amour de son arrière-grand-père n'est pas perdu, il vibre en elle, son héritage est son présent.

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A partir de quel âge

Ce film est à découvrir en famille à partir de 9 ans. C'est aussi et surtout une très belle manière d'aborder avec son enfant des questions sensibles, hélas toujours d'actualité, sur les enfants dans la guerre, sur les réalités des réfugiés.

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Les bonnes raisons de voir le film :

  1. Découvrir la vie d'une famille réfugiée
  2. Comprendre l'histoire des réfugiés palestiniens
  3. Le courage et la dignité de Wardi
  4. Parce que c'est un hymne à la vie et à l'espoir
  5. La beauté lumineuse de ce film, si réaliste et poétique
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Informations complémentaires

Un film nourri par une expérience personnelle

Mats Grorud : « Les personnages sont tous inspirés de mes amis et de leur famille. J'ai relié des commentaires entendus dans le camp à des informations tirées des entretiens que nous avons menés. Je souhaitais créer un lien entre la nouvelle et l'ancienne génération, à travers trois personnages principaux : Wardi, son arrière-grand-père Sidi et le mystérieux Pigeon Boy. Parmi les personnes expulsées de Palestine en 1948, de moins en moins sont encore en vie, il ne fallait plus tarder. Au départ, nous voulions réaliser un court métrage, mais au fur et à mesure que le scénario avançait, je souhaitais inclure plus de scènes et de dialogues et mieux montrer la situation des Palestiniens qui vivent dans les camps. Il nous est apparu, à mon producteur et moi, qu'un long métrage serait plus approprié. »

Une histoire libanaise réalisée par un norvégien !

Le cinéma est une affaire universelle ! Mats Grorud est un réalisateur et animateur norvégien. Il a déjà réalisé deux courts métrages et travaillé en tant qu’animateur sur plusieurs longs métrages, documentaires et vidéoclips. Quand il était enfant, sa mère travaillait comme infirmière dans des camps de réfugiés au Liban. Dans les années 1990, Mats était étudiant à l’université américaine de Beyrouth, au Liban, et donnait des cours d’anglais et d’animation dans le camp de réfugiés de Bourj el-Barajneh. Il a écrit le scénario de son premier long métrage, Wardi, en s’appuyant sur les témoignages de réfugiés et sur sa propre expérience.

Faire parler des marionnettes en animation

Mats Grorud s'exprime sur son film : «Il nous a fallu un peu de temps pour trouver comment faire parler les marionnettes et leur faire exprimer des émotions. Après plusieurs essais en Pologne, nous avons finalement fait toute l’animation à Bourg-lès-Valence, au sein d’un grand studio français, Foliascope. Avec Pierre-Luc Granjon et Hefang Wei, nous avons réalisé l’animation en 2D et l’animation des marionnettes. Nous avons travaillé en collaboration pour fabriquer différentes bouches et des sourcils mobiles en conservant les mêmes visages.»

Des voix de comédiens français, tous engagés

Les voix qui doublent les personnages sont celles d'actrices et d'acteurs français, avec une carrière internationale, et qui pour certains ont une origine et un lien très fort avec la Palestine ou le Liban. Tous engagés pour la dignité, ils ont donné leur voix pour ce film humaniste : Darina Aljundi, Lina Soualem, Slimane Dazi, Aïssa Maïga.

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  • Catégories

  • Le sens de la vie
  • Réalisateur :

  • Mats Grorud