Le Livre de Kells est, en quelque sorte, le trésor national irlandais, conservé au Trinity College, à Dublin (à moins d'une demi-heure d'un autre trésor national irlandais, les entrepôts Guinness). Il s'agit d'un ouvrage contenant les quatre évangiles du Nouveau testament (plus quelques notes liminaires), inachevé, conservé un très long temps à l'abbaye de Kells, et aux origines incertaines : la légende en attribue la paternité à Colomba d'Iona, évangélisateur de l'Ecosse et enlumineur réputé, mais les techniques employées pour réaliser cette oeuvre rendent caduque cette hypothèse. L'art de l'enluminure en Irlande remonte au Ve siècle. Mélange d'art chrétien d'origine méditerranéenne et d'art celte, il évolue pendant le VIIIe siècle pour donner naissance à des chefs d'œuvre tels que le Livre de Lindisfarne, dont les pages ont été réalisées avec une véritable précision mathématique et ornées de magnifiques combinaisons de trompettes, d'entrelacs zoomorphes et rubanés ainsi que d'oiseaux et d'animaux fantastiques.
Aisling (son nom signifie « rêve » ou « vision », en gaélique, mais renvoie aussi à un genre poétique irlandais des XVIIe ou XVIIIe siècles) est un personnage central illustrant à plein le syncrétisme irlandais : sans elle, sans cette force de vie liée sans nul doute aux Tuatha Dé Danann, ces êtres mythiques celtes, Brendan ne pourra mener à bien sa quête. Face à la cupidité destructrice, nature et culture s'associent. Une chose est sûre : Brendan en a, de la chance et, nous aussi, nous aimerions qu'Aisling nous autorise à visiter SA forêt.
Pour l'anecdote, un grand nombre de personnages croisés dans le film sont soit réels, soit tirés de la fiction traditionnelle irlandaise. On l'envisage aisément chez les personnages humains, mais pour un autre, c'est plus inattendu : le chat, Pangur Bán, apparaît dans un poème qu'on estime dater du IXe siècle !