Tout part de la simple volonté d'une petite fille, dont l'enthousiasme et la croyance aux héros semblent inébranlables et plus forts que tout. Loin des clichés de la princesse impuissante enfermée dans son donjon, Zoé a une volonté de fer. Refusant de se laisser dicter sa conduite par son vieil oncle aigri retranché derrière les hauts murs de son château, elle décide de prendre en main son destin et de partir sauver le monde, armée simplement de son courage. Elle entraîne dans son sillage les deux protagonistes, Lian-Chu et Gwizdo, qui ont encore beaucoup à apprendre et pour qui ce voyage sera l'occasion d'une véritable épreuve initiatique. En ce sens, le film s'inspire beaucoup de la tradition du récit chevaleresque et des chansons de geste, tel que Yvain, le chevalier au lion de Chrétien de Troyes. On y retrouve la figure du chevalier, sorte de super-héros des temps jadis, ainsi que celle du dragon, qui représente bien souvent une force incroyable à vaincre, gardien d'un trésor ou fléau à abattre, permettant ainsi au héros de prouver sa valeur. Le film reprend quelques-uns de ces motifs tout en les modernisant et en les enrichissant d'une multitude de références très diverses. D'après le réalisateur Guillaume Ivernel, « Chasseurs de dragons c'est un peu comme Tex Avery chez Le Seigneur des Anneaux. » Les auteurs ont effectivement puisé dans de nombreuses influences, comme l'animation japonaise, les grands classiques de Disney, les œuvres de Moebius ou encore l'heroic fantasy. De ce « cocktail » ressort un univers très original, qui constitue une des plus grandes forces du film. Le travail des décors donne lieu à des images assez impressionnantes, voire vertigineuses, d'un monde flottant qui se désagrège. De ce monde, littéralement au bord du gouffre, se dégage une certaine beauté empreinte de mélancolie. Le film mêle alors joliment humour décapant et poésie contemplative. Il nous emmène dans un voyage au bout du monde où, pour lutter face au chaos et au néant qui menacent, croire aux héros et aux histoire qui finissent bien semble être la seule chance de survie. Comme le répète Zoé tout au long du film : « Parfois, il suffit d'y croire ».