Première « superproduction » du Studio Aardman, Chicken Run se distingue par ses nombreux niveaux de lecture. Au premier degré, c'est un grand film d'action. Bien que confiné dans le poulailler et ses environs, le film déploie tout un arsenal d'inventions visuelles, de séquences particulièrement éprouvantes pour les nerfs, et surtout confirme le goût de Nick Park pour les mécaniques infernales. À l'action s'ajoute une forte dose d'humour : l'animation des poules est irrésistible, les personnages le sont tout autant. C'est aussi un remake à peine déguisé d'un classique du film d'évasion : La Grande Évasion. L'hommage est à la fois appuyé et totalement léger, aérien, tant le décalage entre le modèle et son application à l'espèce volaillère est notable. De la musique à la reprise de certaines scènes emblématiques, Chicken Run fait mieux que décalquer, il fait exploser. Et c'est surtout dans son troisième « degré » que Chicken Run prend littéralement son envol, instillant une réflexion vertigineuse sur la frontière entre réalité et fiction, vrais et faux poulets, cinéma et pâte à modeler. Chicken Run est un peu tous ces films à la fois, véritable Rubik's Cube, qui plaira à tous, petits et grands, tant sa liberté est grande. Vive l'évasion !