Cochon propose une relecture très aboutie et engagée de l’histoire de nos sociétés industrielles. D’un pré dans lequel divers animaux vaquent à leurs occupations émerge rapidement une cité urbaine suspendue, digne de la tour de Babel. De l’idée originale d’un groin de cochon, véritable corne d’abondance électrique, découle la naissance, puis la chute, d’une civilisation moderne. Le portrait est acide mais fait écho à des réalités bien familières : difficulté du vivre ensemble, absentéisme des pouvoirs publics, consommation effrénée, crise climatique, surexploitation des ressources… Et ce jusqu’à la rupture.
Dans ce monde où tout fonctionne à l’électricité, quand celle-ci vient à manquer, plus un animal ne sait comment faire face au monde. Désastres, accidents et vandalismes se multiplient pour culminer dans l’apocalypse la plus totale. Le court métrage souligne habilement la manière dont les avancées technologiques s’insèrent rapidement dans nos routines, et l’incapacité - ici animale - à se remettre en question et revenir à un modèle plus durable. La corne d'abondance est devenue boîte de Pandore.
Afin de contrebalancer la dureté de son propos, le réalisateur adopte une animation au trait inspiré du dessin satirique, accompagnée par une musique traditionnelle entraînante et légère. Des scènes de vie humoristiques et touchantes parsèment ces huit minutes de film, décrochant de nombreux sourires aux spectateurs. Malgré sa conclusion ironique, Cochon est en réalité un cri d’alarme, un appel à adopter un chemin différent, à ouvrir les yeux et trouver de nouvelles façons de vivre notre futur.