Jean de la Lune est l'adaptation du livre du même nom, écrit par Tomi Ungerer, grand maître de la littérature enfantine. Le réalisateur Stephan Schesch a donc collaboré avec ce dernier afin de conserver au maximum le ton du livre, tant dans la narration que dans le graphisme. Il en résulte un univers graphique très poétique, ponctué par des dessins entièrement faits à la main, et une palette de couleurs puisant dans le clair-obscur, mêlant à l'obscurité pourtant omniprésente de magnifiques couleurs chatoyantes. Le scénario a été étoffé par le réalisateur et Tomi Ungerer lui-même : nous découvrons donc de nouveaux personnages, comme la petite fille du drive (qui apparaissait déjà en arrière plan dans le livre) ou le président du Monde. Plusieurs niveaux de lectures s'offrent à nous : les enfants resteront rêveurs et se laisseront volontiers embarquer par la poésie ambiante du voyage de Jean de la Lune, quand les plus grands pourront y voir une dimension plus politique, ainsi que de nombreux clins d'œil - à noter le moonwalk de Jean de la lune -.
La bande originale, très variée, s'appuie sur quatre styles différents selon quatre axes (Jean de la Lune, Ekla des ombres, la petite fille et son père et le président du Monde). Ceci lui confère une grande diversité, on peut notamment entendre Louis Armstrong interpréter Moon River durant la sublime scène où Jean se laisse porter par la rivière dans une nature luxuriante ou une surprenante incursion du In a Gadda da Vida d'Iron Butterfly. Nous retrouvons plusieurs ambiances qui se collent parfaitement à la beauté des jeux graphiques, et les thèmes abordés (la solitude, la différence, l'abus de pouvoir, l'amitié, la nature) toucheront les petits et les grands. Une adaptation très réussie, après le déjà remarquable film Les Trois Brigands, sorti en 2007.