Si le film porte le nom de « Kirikou », il ne constitue pas pour autant une suite au film Kirikou et la sorcière. En effet, Kirikou et les bêtes sauvages fonctionne un peu comme un programme de quatre courts métrages, mis en abîme par le grand-père griot, et repose sur un jeu narratif construit autour de flash-back sur le personnage de Kirikou, encore tout petit, en plein affrontement avec la sorcière Karaba.
Le film est donc constitué de quatre histoires, mettant chacune en valeur la rencontre de Kirikou avec une bête de la savane africaine (hyène noire, girafe, buffle) mais aussi avec les éléments naturels (plante empoisonnée, potager, argile dont on peut faire des poteries). Ces éléments véhiculent avec eux les rites des hommes et des femmes du village : comment entretenir un potager ? Pourquoi une hyène vient-elle s'aventurer dans un potager et comment l'en chasser ? De quoi un village africain vit-il ? Que mange-t-il et comment peut-il survivre ? Autant de questions (et de réponses) qui donnent à ces histoires une forme presque documentaire.
Si les jeunes spectateurs retrouvent aussi le personnage de Karaba dans ce film, sa présence est moins omniprésente que dans le premier volet. Les sorts de la sorcière servent surtout à mettre en valeur la forme documentaire évoquée précédemment.
Le grand-père qui raconte les différentes aventures est une figure de griot : en Afrique de l'Ouest, le griot est un conteur qui maîtrise le verbe et qui représente la mémoire d'une communauté. Trônant dans sa grotte bleue, celle qui se tient de l'autre côté de la montage sacrée, et à laquelle seuls les courageux peuvent accéder, le grand-père nous rapporte des faits mémorables accomplis par le jeune Kirikou, quand il affronta la terrible Karaba. Ces aventures, le griot met en valeur leur dimension mémorielle importante pour le village : « L'histoire de Kirikou et la sorcière était trop courte. On n'a pas eu le temps de rapporter tout ce que l'enfant avait accompli. Et il a vraiment accompli de belles et bonnes actions, qu'il ne faudrait pas oublier. Alors, je vous les raconte », nous confie-t-il.
Mémoire du village, ces histoires sont construites sous forme de flash-back. La première histoire reprend, ainsi, au moment où Kirikou a débarrassé la source du village de la bête gloutonne qui s'en abreuvait. En nous ramenant à ce moment du premier opus des aventures de Kirikou, le grand-père joue avec la mémoire et la cinéphilie du spectateur. Aussi, au-delà de la figure de griot et par ce clin d'œil, le grand-père peut aussi constituer un double du réalisateur.
Avec ce film, les jeunes spectateurs retrouvent, au-delà de personnages et d'un univers narratif connus, des images qui ont fait la signature de Michel Ocelot et son équipe. Si le personnage de Kirikou est minuscule, l'animation est, elle, majestueuse !
Et, parce que « Kirikou n'est pas grand, mais il est vaillant », comme chantent les enfants du village, et l'ami des petits et des grands, Benshi espère que vous partagerez avec votre enfant le plaisir de retrouver ses aventures !