Comment naissent les légendes ? Vaste question à laquelle ce court métrage propose de répondre, à travers un exemple concret et accessible aux enfants, le tout avec humour. Tout commence, comme la plupart des grandes aventures, par un départ en voyage vers l'inconnu. Une petite souris rassemble ses quelques possessions dans son balluchon : un doudou, une brosse à dent, une pomme et bien sûr un bout de gruyère, puis se met en route. Au cours de son voyage, elle va faire la plus stupéfiante de toutes les rencontres : un arbre à grosse voix ! Tout d'abord confiante, elle demande poliment si quelqu'un ne loge pas déjà au creux de cet arbre si haut qu'il semble toucher le ciel. C'est alors qu'une voix grave et puissante, faisant trembler le sol, lui répond : « Je suis celui qui fait peur au loup et qui écrase l'ours ! ». Ainsi débute la grande légende de l'arbre à grosse voix... La suite du récit est construite sur un principe de répétition, particulièrement adapté et apprécié des (très) jeunes spectateurs. Ce sera donc au tour d'un écureuil, d'un lapin, d'un pinçon et d'une tortue de se mesurer à l'arbre, jusqu'à ce que son mystère nous soit enfin révélé. De la même manière que les enfants veulent et ont besoin d'expérimenter les choses par eux-mêmes, chaque animal veut voir l'arbre de ses propres yeux et entendre cette grosse voix avant d'y croire.
La réalisatrice a fait le choix d'animer son film en 2D par ordinateur, en proposant une esthétique proche du livre jeunesse. La maîtrise technique est impressionnante – Anaïs Sorrentino a débuté sa carrière dans le jeu vidéo – et les mouvements des personnages sont étonnamment fluides. La palette automnale apporte la touche finale au charme de ce conte simple mais terriblement efficace. Une tendre farce qui ne manquera pas de faire sourire également les adultes, tant la chute, qui nous laisse découvrir la réalité cachée derrière la légende, est inattendue et élégante.