Le Garçon et le monde est un film brésilien, cela est suffisamment rare pour qu'il soit nécessaire de le mentionner. D'une beauté sidérante, ce film est une symphonie visuelle, onirique, d'une inventivité extraordinaire. Comment montrer le monde dans lequel nous vivons, dans sa globalité et dans sa singularité ? Comment lier l'infiniment petit et l'infiniment grand ? Comment parler de la mondialisation sans discours politique, tout en faisant comprendre ses rouages et ses enjeux économiques ? Comment figurer l'acte de voir de ses propres yeux ? Quelles sensations, quels rêves cela provoque-t-il ? Ces quelques fils tissent la trame du Garçon et le monde avec la liberté de création et la force de la conviction d'une conscience éveillée sur le monde. Le Garçon et le monde peut être présenté aux enfants comme un jeu où il faut relier les points, les spectateurs doivent eux-mêmes accomplir cette trajectoire entre les séquences, plusieurs chemins s'offrent à eux, la lecture est plurielle. Le Garçon et le monde se vit comme un rêve, avec ses moments forts, ses rimes, ses images obsédantes, ses mystères qui subsistent. Rien n'est donné de manière définitive, la langue elle-même est une langue inventée, universelle (il s'agit de phrases en portugais prononcées à l'envers), les mots n'y sont pas distincts, seules restent les intonations, la musique. De fait, tout est musique dans ce film : la musique naît du silence, d'un rythme, d'un bruit qui devient mélodie. La bande-son marque la naissance de la musique comme l'écran blanc (ou la page blanche) celle du dessin. Le graphisme, où se mêlent pastel, craie grasse, crayon de couleur, peinture, étend ses variations de la plus épurée à la plus complexe, les couleurs chatoyantes sont un feu d'artifice, une féérie qui nous fait découvrir une palette infinie que nous ne soupçonnions pas qu'il nous fût possible de voir de nos propres yeux. Oui ! Le Garçon et le monde éclate comme une découverte : comme si nous découvrions l'Amérique (latine), comme s'il nous était donné de voir (ou d'entendre) pour la première fois, la couleur, la lumière, la musique et le monde, en un mot le cinéma !