Le loup boule est une créature aux formes géométriques : des oreilles-triangle, un ventre-boule tout rond, des pattes droites comme des i, de grands yeux noirs au-dessus desquels se logent de bien épais et expressifs sourcils verts. Habillé d'un beau bleu cobalt et d'un long museau rectangulaire coloré d'un nez de clown rouge, le loup boule est définitivement une bien étrange bête ! Mais il n'est pas seul, il fait partie d'une meute sur laquelle veillent des fées. Avec des couleurs le plus souvent vives et les effets de collage des personnages, le film entretient des liens étroits avec la peinture : on peut par exemple reconnaître des yeux cubistes dans le style de Picasso sur un des loups.
La visionneuse qui fait défiler les diapositives d'un falafel, d'un nez de clown, d'une pleine lune, ou encore d'un petit pois, en les rassemblant dans la même famille que celle du loup boule, celle des organismes atteints de « rondouille aiguë », donne d'emblée le ton du film, décalé et impertinent. Avec ce personnage atypique, mais aussi sa fée, cette « feignasse » moustachue habillée de drôles de bottes rouges qui vit dans sa maison en haut de la colline, ou encore les moutons, chats, poissons aplatis comme des crêpes par le loup qui arrive à toute vitesse en leur roulant dessus, l'univers du film est placé sous le double signe de la fantaisie et de l'humour. Quand, pour dévaler et engloutir plus vite encore, le loup boule troque sa maison perchée en haut de la colline contre la Tour Eiffel, toujours au son d'une délirante musique country, le sourire du spectateur se transforme en fou rire. Cet humour malicieux est présent jusque dans le générique de fin où un cadre laisse apparaître « l'authentique » loup boule. Ce clin d'œil au genre du « documenteur » (faux documentaire), la voix off et les voix des personnages au ton ironique et aux accents étrangers, apportent une saveur supplémentaire au film.
Si vous aimez les films au style graphique et voir des loups boule tout avaler, ce court métrage est fait pour vous !