C'est l'histoire d'un apprentissage à double sens : entre Claude, petit agneau pris dans le tourment de la guerre, et Pépé, ours mal léché, une amitié précieuse va naître. A la campagne avec Pépé, Claude peut vivre loin des bombardements et des rafles. C'est le temps des jeux de cache-cache, des déjeuners sur l'herbe, des premiers sentiments amoureux… La guerre semble ne plus exister pour lui. Il n'y a rien d'autre que de la tendresse. L'un et l'autre s'apprivoisent en passant simplement du bon temps. Pépé apprend à Claude les règles de l'existence, il prend un plaisir évident à lui raconter ses exploits pendant la Première Guerre mondiale. Et au contact de Claude, il se découvre une sensibilité qu'il ignorait jusqu'à présent.
Avec ce récit autobiographique, Claude Berri démontre que la force des sentiments va bien au-delà de toutes les différences et des pires préjugés, et brosse ainsi le portrait de la France de Vichy. Comme de nombreux français à l'époque, Pépé voue un véritable culte au Maréchal Pétain. Il est plein de préjugés antisémites mais ignore que Claude est juif. Par ailleurs, Claude est à un âge où l'on pose beaucoup de questions, et chacune de ses questions renvoie Pépé, non sans malice, à ses propres contradictions : « Dis, Pépé, c'est vrai que le Christ était juif ? — A ce qu'il paraît. — Mais alors, Dieu est juif... — Qu'est-ce que c'est que cette histoire ? Qui t'a raconté ça ? — C'est Mémé, elle m'a dit que Jésus était le fils de Dieu. Si Jésus est juif, son père aussi... ».
La force du film réside également dans l'idée que la générosité des hommes a bien plus de puissance que la haine de l'autre : même si Pépé ne sait rien des origines de Claude, il le traite avec autant d'affection qu'un grand père avec son petit-fils. La haine est aveugle, nous dit Berri.
L'immense Michel Simon interprète, avec le personnage de Pépé, l'un des plus beaux rôles de sa vie : tour à tour râleur et gouailleur, c'est un être complexe, attachant malgré sa bêtise. Comme Claude, il est avant tout victime de son époque. Poignant et sensible, Le Vieil Homme et l'Enfant est un film d'une immense douceur, sur la bonté qui sommeille en chacun de nous. Humaniste et nécessaire.