Pour son premier long métrage, Garri Bardine nous livre ici une version animée et musicale du conte éponyme écrit en 1842 par Hans Christian Andersen. Le réalisateur a pris quelques libertés mais reste fidèle au texte d’origine, qui comme la plupart des contes n’était pas destiné – voire adapté – au jeune public. Garri Bardine a choisi deux œuvres majeures du célèbre compositeur Piotr Ilitch Tchaïkovski pour accompagner avec une grande poésie chaque mouvement de ses personnages : Le Lac des Cygnes et Casse-Noisette. La musique est sublimement interprétée par l’Orchestre Philarmonique National de Russie, et les paroles des chansons ont été écrites en vers par le poète russe Youli Kim.
Le film se déroule quasiment en huit clos au sein de la basse-cour qui symbolise sans équivoque l’intolérance de nos sociétés actuelles. Poules, coqs et canards y tiennent les rôles de gardiens du système en place : levé de drapeau quotidien, hymne national et rejet total de l’inconnu. Garri Bardine fait ici un plaidoyer pour l’acceptation des différences et l’importance de croire en soi. Ce récit initiatique transmet aux enfants, sans aucune difficulté, le message nécessaire que chaque individu doit apprendre à s’accepter tel qu’il est, en dépit du regard des autres.
Pour réaliser Le Vilain Petit Canard, Garri Bardine a utilisé la technique de la claymation, contraction de clay en anglais qui signifie argile, et d'animation. Il s’agit d’une forme d’animation dite « en volume » utilisée dans des films animés image par image, nécessitant beaucoup de patience et de minutie. La réalisation du film a nécessité six ans de travail et la fabrication de quatre cents marionnettes. Un véritable chef d’œuvre à bien des égards, qui fait réfléchir petits et grands.