Avec Les Contes de la nuit, Michel Ocelot nous prouve une nouvelle fois qu'il est un habile conteur. De la même manière que dans Princes et Princesses, se succèdent, pour notre plus grand bonheur, de courtes histoires en théâtre d'ombres. Le principe du film est simple et ingénieux : dans un cinéma, deux enfants et un vieux projectionniste (figure du créateur) imaginent et mettent en scène des contes dont les personnages seront incarnés par les deux enfants. Chaque récit plonge petits et grands dans des univers dépaysants, fascinants et intemporels. Comme dans tous les films de Michel Ocelot, la parole est celle qui porte toute l'imagination…
La force du film repose en partie sur l'ingéniosité du réalisateur à réécrire des contes ancestraux. Ainsi, Les Contes de la nuit allie tradition et modernité : Le Loup-Garou, par exemple, est sans aucun doute inspiré du lai de Marie de France, Bisclavret. Le mélange des genres et des sources d'inspiration crée un véritable voyage et rend hommage à différentes civilisations et cultures. Tijean et la Belle-Sans-Connaître se déroule aux Antilles dans des décors foisonnants qui rappellent les peintures du Douanier Rousseau ; La Fille-Biche et le fils de l'architecte fait référence à l'architecture gothique au Moyen Age avec poésie et humour ; enfin, dans* Garçon Tamtam*, l'enfant ne peut faire penser qu'à Kirikou, personnage phare de Michel Ocelot, fasciné et inspiré par l'Afrique.
A travers ces différents contes, des questionnements profonds mais parfois difficiles sont abordés. Ainsi, dans Le Garçon qui ne mentait jamais, la mort et la question du sacrifice sont amenées de manière poétique…
Par ailleurs, la modernité du film provient également de la technique utilisée puisque le réalisateur a eu recours à la 3D pour créer du relief dans le théâtre d'ombres. S'opère ainsi un travail minutieux dans tous les plans et décors du film. Ocelot dira qu'il fait du « relief plat ».
Enfin, le film est à la fois une ode au métier de conteur et aux métiers du cinéma : réalisateur et technicien. La magie du cinéma est soulignée par le rideau rouge et le hululement de la chouette qui permettent aux petits comme aux grands d'entrer dans un nouveau monde : celui de l'imagination…