« On m’a dit, « Tu peux regarder », alors, j’ai ouvert les yeux ». Le film s’ouvre sur une surprise, une invitation à la fois adressée au personnage et aux spectateurs. Le contre-champ nous montre une petite fille entourée de ses parents, fascinée par le spectacle qui s’offre à elle. Elle se trouve devant des dizaines d’animaux marins dans un bassin d’aquarium. Une ellipse temporelle nous dévoile ensuite combien sa situation familiale a évolué. Ses parents se sont séparés. Ruka habite avec sa mère, dont on voit rarement les yeux et qui semble avoir sombré dans la dépression. La jeune fille désormais en pleine adolescence, ne sait pas où se situer dans cet éclatement familial. Nous découvrons un personnage en mal d’intégration, même au sein de son équipe de handball. Le point de vue de Ruka, appuyé par de nombreux plans subjectifs, sera adopté tout au long du film.
C’est au contact de deux étonnants personnages qu’elle va s’ouvrir et que son regard va évoluer. D’impressionnants mouvements de caméra soulignent cette prise de recul par des effets de perspectives. Cette rencontre merveilleuse n’est pas sans rappeler celle d’Alice et du lapin blanc, mais c’est une expérience bien plus sensorielle encore qui nous attend. Le spectateur est happé dans cet univers par un tourbillon d’images, une musique minimaliste et des chants marins, non sans rappeler Ulysse et les sirènes. La lumière irradie, on ressent presque les effets du ventilateur. L’eau est scintillante, les arbres verdoyants, et le ciel habillé de ses plus belles couleurs. On ressent avec force les éléments de la nature, de sorte qu’elle n’est jamais un arrière-plan. C’est un personnage en soi. « Les insectes et les animaux brillent quand ils veulent qu’on les trouve », dit Umi. Peut-être, la nature se rappelle-t-elle à notre bon souvenir, en brillant de son plus bel éclat...
Plus qu’une réflexion sur les enjeux environnementaux, le film est une ode mystique à la nature et porte un discours philosophique, à la manière du Petit Prince. « Ce monde est rempli de choses invisibles et l’univers dépasse de beaucoup ce que nous pouvons voir avec nos yeux ». Il s’agit alors d’en percer ses mystères et de s’interroger sur les origines du monde, en revisitant les grands mythes de la création.
C’est un retour à la nature que nous propose ce film, à travers un voyage très poétique, voire hypnotique !