Issu d’une famille d’artistes, Buster Keaton joue dès son plus jeune âge dans les pièces de ses parents. Il incarne ensuite des personnages comiques dans des courts métrages très en vogue au début du XXᶱ siècle au côté de Fatty Arbuckle, puis commence à en écrire et en tourner lui-même. Dans la décennie 1920, il réalise une dizaine de longs métrages. Ma vache et moi, son sixième long métrage, sort du lot dans sa filmographie.Renommé pour son visage blême et impassible, Buster Keaton a un corps élastique qui semble capable de toutes les pirouettes. La plupart de ses films présente des héros malchanceux à la poursuite d’une belle. Dans Ma vache et moi, la belle est une vache et les acrobaties sont moindres que dans des films comme Sherlock Junior ou La Mécano de la générale. Ici, Buster se laisse attendrir par une vache. Cette relation est bien sûr le prétexte d’une série de gags – la scène de la traite, celle du marquage ou encore des bois de rênes –, mais c’est surtout l’affection entre l’homme et l’animal qui est au cœur du film, occasion pour Keaton de s’illustrer dans un registre qu’on lui connaît moins : le pathos.
En avance sur son temps, ce film met en scène un homme sensible, prêt à tout pour sauver un animal. Dans la scène finale mémorable, Friendless au grand cœur se retrouve poursuivi par des milliers de vaches et taureaux dans Los Angeles.On y retrouve bien sûr un art que Keaton manie à merveille : le décalage. On s’attend à ce qu’il craigne le serpent à sonnette, mais ce sont les lièvres qu’il craint, on s’attend à ce qu’il soit chargé par les taureaux, mais il les évite sans même s’en rendre compte, on s’attend à ce qu’il veuille épouser la fille du propriétaire du ranch, mais c’est la vache qu’il veut. Nos attentes sont déjouées et le rire survient, pour notre plus grand plaisir de spectateur !