Après la réussite et le succès d'Une vie de chat, on attendait impatiemment le dernier film de Jean-Loup Felicioli et Alain Gagnol. De nouveau produit par le studio Folimage, avec le savoir-faire et l'exigence artistique qui le caractérise, le film est à la hauteur ! Deux récits parallèles s'y déploient : une histoire policière et l'histoire du combat d'un enfant contre la maladie. La déclinaison de la figure du héros est très intelligemment menée et apporte une grande profondeur au récit : si Léo participe activement à la résolution de l'enquête et à la lutte contre le machiavélique homme défiguré qui menace New-York, il est avant tout un héros du quotidien, qui combat son propre mal intérieur. Il est accompagné dans cette épreuve par une famille aimante et soudée, magnifique portrait de famille au passage.
Le pouvoir fantastique que lui donne sa maladie : celui de sortir de son corps et de se glisser comme un fantôme à travers les murs, lui permet de venir en aide à l'inspecteur Alex et à l'intrépide Mary, journaliste en quête de scoop. Il lui permet surtout de s'évader de lui-même et de se rêver en super-héros qui accomplit le bien. Belle célébration du pouvoir de l'imagination ! Il doit cependant prendre garde car ce pouvoir peut être dangereux pour lui-même s'il en use trop : s'il reste trop longtemps en dehors de son corps, il risque de disparaître, purement et simplement.
C'est la grande originalité du film, faire s'entremêler deux genres qui se soutiennent l'un et l'autre : l'histoire policière soutien le courage de Léo dans son combat contre la maladie. Le suspense de l'enquête est doublé de celui qui concerne l'efficacité du traitement que suit Léo. Le film n'est jamais dur alors qu'il aborde un sujet grave, il est simplement juste et émouvant.
Ce scénario original se déroule dans un décor somptueux : un New-York réinventé par l'imaginaire et le talent graphique des réalisateurs et de leurs collaborateurs. L'animation garde son esprit artisanal, on sent la matière du pastel et du Canson, le trait noir de la plume ou du stylo. Les couleurs sont chatoyantes et les perspectives expressionnistes. Rien n'est trop beau pour les enfants !