Buster Keaton fait partie de la famille des burlesques, comme Charlie Chaplin, Harold Lloyd, Roscoe Arbuckle... Buster Keaton c'est le petit homme, casse-cou et incassable, au grand visage de pierre… On l'appelait « l'homme qui ne rit jamais », parce qu'il avait bouclé tous ses sentiments derrière son visage. Il s'exprimait avec son corps en entier. Et quel acrobate ! Quel coureur !
Un des plaisirs de Buster Keaton est de jouer avec les machines. Lorsqu'il tient un accessoire à la mesure de sa créativité, il en épuise toutes les possibilités de gags. C'est le cas, dans La Croisière du Navigator, où il est seul à bord d'un paquebot, ainsi que dans Le Mécano de la Générale, où il conduit une vraie locomotive à vapeur. Et dans Sherlock Junior, sa machine est un projecteur cinématographique, l'occasion pour lui d'explorer les mondes de l'imaginaire, de la réalité et du rêve éveillé, c'est-à-dire du cinéma. Il joue avec ces mondes, les emboîte les uns dans les autres, nous surprend sans cesse en passant de l'un à l'autre. Ses gags atteignent alors une dimension surréaliste.
L'idée de pénétrer dans l'image projetée sera reprise plus tard, différemment, par Woody Allen, dans La Rose pourpre du Caire.