A travers le récit des aventures de Maki et Zarafa, c'est en fait l'histoire de la première girafe de France qui nous est racontée ici. Les réalisateurs se sont en effet fortement inspirés de ce fait historique pour constituer le fil rouge de leur scénario, autour duquel ils ont brodé un conte bien à eux, à la fois fabuleux et cruel. Le film se déroule dans les années 1820, en pleine époque esclavagiste et coloniale. Le récit se scinde donc en deux : d'un côté, une fable presque naïve d'un enfant qui se lie d'amitié avec une girafe ; de l'autre, une critique du colonialisme et du racisme de la société occidentale au XIXème siècle, et plus particulièrement de la France. Le film dresse en effet un portrait plutôt acerbe de la société française à cette époque et tente ainsi de nous pousser à la réflexion, notamment sur une société industrielle en pleine expansion qui fait peu de cas des sentiments humains. Le film trouve cependant un certain équilibre entre la satire et le conte, et n'oublie pas au passage de nous émerveiller avec son lot de rebondissements et d'émotions, mais aussi de personnages hauts en couleurs et de magnifiques dessins.
De plus, le film bénéficie d'une technique d'animation traditionnelle assez rafraîchissante dans un contexte de production actuel qui use majoritairement d'images de synthèse. On peut d'ailleurs déceler plusieurs inspirations issues des œuvres de grands noms de l'animation. On retrouve en effet un style graphique qui s'inspire des dessins animés de l'âge d'or des studios Disney ainsi qu'une mise en scène qui va chercher du côté de Miyazaki et du Studio Ghibli. Il y a également un peu de Sylvain Chomet : dans les figures du roi de France et de sa cour de bourgeois engoncés, on retrouve quelques traits des personnages des Triplettes de Belleville ou de L'Illusionniste. En outre, le voyage en ballon rappelle Jules Verne et son Tour du monde en 80 jours. Le film brasse ainsi diverses inspirations et nous livre une histoire riche aussi bien visuellement que par les thèmes qu'elle aborde. Via le contexte historique dans lequel il se situe, le film traite de sujets politiques, comme le racisme, mais il explore aussi des sujets plus "universels", comme la vie et la mort, les liens entre les hommes et les animaux, les croyances, la liberté et la fraternité.