Tomm Moore compare Le Chant de la mer à une « comédie musicale mélancolique ». De fait, la musique ancre le récit dans ses racines celtes, et elle est en même temps un élément dramatique. Il s'agit pour Maïna, très affaiblie, de ne pas perdre son dernier souffle pour encore chanter l'air des selkies, que lui a transmis sa mère. Puisqu'elle est la dernière représentante vivante de ce peuple, c'est elle qui incarne leur mémoire, et qui pourra les sauver. L'air des selkies constitue le fil rouge du film, la chanson est interprétée dans la version française par la chanteuse Nolwenn Leroy, et agit comme un refrain, que chacun des spectateurs sera en mesure de reprendre, tant l'air en est simple et prenant.
Tomm Moore se souvient de son enfance, en Irlande, et de l'atmosphère des nuits d'Halloween, où régnait encore, dans les années 80, une grande ferveur liée aux superstitions et croyances en l'Autre monde [NdR: la traditionnelle nuit de Samhain, durant laquelle les deux mondes communiquent, donnera plus tard ce que nous pouvons connaître maintenant comme la Toussaint et/ou Halloween]. C'est ce qu'explore Le Chant de la mer : ce passage entre le monde de la mer, monde magique, des rêves, de l'inconscient et des morts et le monde de la terre, monde réel, de la vie quotidienne et des vivants.
Nous attendions avec impatience ce deuxième long métrage du jeune et talentueux Tomm Moore, tant son premier opus, Brendan et le secret de Kells nous avait ravis. Après les moines enlumineurs irlandais du Moyen-Âge, il nous entraîne dans le monde fabuleux des contes et des légendes celtiques, dans un style visuel totalement nouveau, déclinant les motifs cycliques des tourbillons et des volutes qui se renouvellent, comme le ressac des vagues.