Vanille

Vanille est un programme mettant à l’honneur l’animation en deux dimensions. Le trait simple et efficace de ces courts-métrages met joliment en lumière les caractères bien trempés de leurs trois héros et héroïnes.

Outre leurs étonnants protagonistes, ces trois films renferment surtout de belles leçons de vie. Kiko se comporte en véritable petit tortionnaire des animaux de la ferme et sème la pagaille à longueur de journée. Aline rejette sa mère, originaire du Vietnam, car elle ne maîtrise pas encore parfaitement la langue de leur pays d’adoption. Vanille refuse sa double culture franco-créole à grand renfort de lissages, de soupirs agacés et de refus de prendre l’avion à destination de la Guadeloupe. Et pourtant, l’un comme l’autre, ils vont sortir de leur bulle et se frotter au monde. Questionnements sur l’identité, difficultés d’intégration et discriminations pointent en filigrane de leurs aventures, toujours traités avec justesse. Véritables récits initiatiques, ces aventures apprennent à Kiko, Aline et Vanille à aller à la découverte du monde, à déconstruire leurs préjugés et à jeter un regard neuf et bienveillant sur leur quotidien. La plus grande des leçons est évidemment que l’union fait la force.

De beaux personnages féminins, comme tatie Frédérique ou Chanda, la courageuse mère d’Aline, les aident à avancer, mais souvent c'est la nature qui les aide à vivre cette transformation. Guillaume Lorin, le réalisateur de Vanille, prend ainsi soin d’intégrer de véritables scènes filmées en Guadeloupe au parcours de son héroïne, de la capitale à l’île, mêlant ainsi habilement animation et prise de vues réelles. Réel et fantastique se mêlent à mesure que les légendes créoles prennent corps dans l’aventure de Vanille. Bientôt, vous saurez tout du soukounian !

Le programme fait également la part belle au son. La musique douce et discrète de Kiko et les animaux contraste avec l’énergie vivifiante de la bande son de Vanille signée par le musicien martiniquais Chassol. Il s'agit ici de souligner l’importance, et surtout l’omniprésence, de la musique dans la culture créole. Ton français est parfait et Vanille se rejoignent d’ailleurs par le choix astucieux de ne pas traduire les paroles de la mère d’Aline (en vietnamien) et de certains interlocuteurs de Vanille (en créole). Les sonorités des langues et les réactions des personnages suffisent à cette compréhension, favorisant l’immersion.

Tellement marquants par leur force de caractère et leur détermination, on aurait presque envie de voir se rencontrer nos trois héros ! Et vous, ça ne vous donne pas envie d’aller à leur rencontre ?