L'air colérique et hargneux, Popeye, le marin borgne, fumeur de pipe aux avant-bras tatoués surdéveloppés saura vous faire rire dans ce programme de courts métrages ! Tantôt Aladdin, tantôt à la recherche d'Ali Baba ou affrontant Sinbad, ce personnage naïf se retrouve toujours au cœur d'intrigues surprenantes, confronté à un rival ou à un danger. Mais cela suscite surtout le rire car lorsqu'il se trouve en position de faiblesse, les miraculeuses boites d'épinards sont toujours là pour changer le cours des choses ! C'est ce qui fait en partie le charme de la série Popeye des frères Fleischer, qui repose principalement sur les gags et les retournements de situation. Les grommèlements si particuliers de Popeye et la voix nasillarde d'Olive participent également de l'humour des films. L'exagération, propre à l'esthétique cartoon, caractérise ce programme de courts métrages : expressivité débordante des personnages qui peuvent se transformer de manière spectaculaire (ce qui n'est pas sans rappeler l'univers de Tex Avery et notamment son personnage de Wolfie), musique qui vient souligner les situations comiques comme les chutes, les coups…
Et les aventures de Popeye des Frères Fleischer représentent le monde d'une manière bien atypique ! Tout est vivant et peut se transformer à tout moment : une radio parle et indique une direction, ou le corps disproportionné d'Olive en chameau… L'ingéniosité et la force des films résident aussi dans la rencontre entre l'univers des contes des Mille et une nuits et les références au monde contemporain : Popeye frotte la boite d'épinards comme il le fait pour la lampe magique. Ainsi, on se débarrasse de la lampe magique d'Aladdin pour une lampe torche standard ! Escalators pour sortir d'une grotte, feux tricolores en plein milieu du désert et autres inventions décalées suscitent le sourire des spectateurs. Les Studios Fleischer semblent très inspirés par la modernisation de leur société et transposent ainsi la mécanique automobile dans leur univers : les muscles de Popeye sont parfois représentés en transparence par des engrenages, les personnages doivent « faire le plein » comme des véhicules. Max Fleischer est un inventeur et cela sert l'esthétique des films : dans Popeye rencontre Ali Baba et Popeye rencontre Sinbad, les fonds sont particulièrement réalistes grâce à une technique avant-gardiste utilisant la tri-dimension.
Enfin, en faisant référence au Technicolor ou à travers la mise en abyme de la production de film (grâce à Olive qui devient scénariste), les deux frères n'hésitent pas à faire des clins d'œil à leur art. Ces trois épisodes de Popeye, emblématiques des Studios Fleischer et « indestructibles » sur Benshi, amuseront petits et grands !